Cette année marque le 40e anniversaire du Réseau des rivières du patrimoine canadien (RRPC)! Créé en 1984, le RRPC a joué un rôle essentiel dans l’intendance et la promotion des rivières du patrimoine du Canada. Pour souligner cet anniversaire, nous aimerions vous faire faire un voyage (en canot) dans le temps. Nous avons travaillé avec d’anciens et d’actuels participants du RRPC de partout au pays afin de recueillir des anecdotes, des photos et des œuvres d’art qui racontent l’histoire du RRPC. Enfilez votre gilet de sauvetage, et c’est parti!
Tâter les eaux
De 1971 à 1973, de jeunes aventuriers ont parcouru en canot 65 rivières et plus de 10 000 km dans le cadre de l’enquête sur les rivières sauvages de Parcs Canada. Compte tenu de l’absence d’appareils GPS, de satellites et de téléphones cellulaires, il s’agissait d’une initiative de grande envergure qui a été la précurseuse de ce qui est aujourd’hui le Réseau des rivières du patrimoine canadien.
En 2021, nous avons célébré le 50e anniversaire de l’enquête sur les rivières sauvages. Vous pouvez découvrir l’aventure que ces personnes ont vécue dans l’un de nos billets de blogue précédents.
Les débuts
L’équipe responsable de l’enquête sur les rivières sauvages, qui était composée de quatre personnes, a consigné les caractéristiques des rivières afin de guider les pagayeurs en milieu sauvage. À la suite de l’enquête, huit brochures décrivant les rivières, leur histoire et leur géographie ont été publiées. L’enquête a servi de modèle pour l’intendance des rivières au Canada, et il s’agit là du plus important legs laissé par l’enquête.
La première rivière qui a été désignée dans le cadre du programme du RRPC est la rivière des Français, située en Ontario. Ce titre lui a été donné en raison de l’important rôle qu’elle a joué en tant que voie de transport des peuples autochtones et des marchands de fourrure. La désignation reconnaît aussi les attraits naturels et récréatifs exceptionnels de la rivière.
Légende: La page couverture du numéro d’automne 1984 du magazine park news: The Journal of The National and Provincial Parks Association of Canada (nouvelles des parcs : Journal de l’Association des parcs nationaux et provinciaux du Canada), dans lequel on annonçait la création du Réseau des rivières du patrimoine canadien. L’image montre six canots et un bateau à moteur remplis d’équipement laissés sur le rivage rocheux de la rivière Nahanni Sud (rivière Nahʔą Dehé) pendant une partie de l’enquête sur les rivières sauvages.
Source: Parcs Canada
Tout le monde sur le pont
Le RRPC est le fruit d’un travail de collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, et sa mission consiste à désigner des rivières ayant des valeurs naturelles, culturelles et récréatives exceptionnelles en leur accordant une reconnaissance nationale et à encourager le public à les découvrir et à en apprécier la valeur. Sa création témoignait de l’engagement du Canada à préserver le riche patrimoine de ses rivières pour les générations à venir. Comme l’a déjà dit Amber Stewart, ancienne membre du Comité de planification technique et employée de Parcs Canada, les rivières sont à la base d’une grande partie de l’histoire du Canada, de sa culture et du bien-être de sa population; il est donc tout à fait logique que nous disposions d’un programme national qui met en valeur nos rivières.
Légende: Une personne profite de la vue à partir de la rive de la rivière Athabasca, dans le parc national Jasper.
Source: Amber Stewart
Apprendre les rouages
Depuis sa création, le RRPC collabore avec les gouvernements et les groupes communautaires d’intendance des rivières pour favoriser la gestion durable à long terme des rivières. Ce travail de collaboration a joué un rôle déterminant dans la sensibilisation à l’importance de la conservation des rivières et dans la promotion de l’intendance des rivières afin que les Canadiens d’aujourd’hui et de demain puissent profiter de ces cours d’eau.
Wayne Schick, ancien planificateur des parcs du ministère des Parcs, de la Culture et du Sport de la Saskatchewan, se remémore son parcours en lien avec le RRPC :
En 1984, je venais d’être embauché comme planificateur de parc et j’ai eu la chance d’avoir la responsabilité de préparer le dossier de mise en candidature de la rivière Clearwater en vue de sa désignation comme rivière du patrimoine canadien.
La vallée de la Clearwater, tout particulièrement en aval de la route Cluff Lake, est vraiment spectaculaire lorsqu’on la voit pour la première fois. Elle est encore plus impressionnante lorsqu’on peut l’observer à partir d’un hélicoptère et voir de près les rapides et les chutes magnifiques.
Imaginez les brigades de traite des fourrures quitter les eaux du bassin versant de la baie d’Hudson à l’endroit où se trouve aujourd’hui La Loche, puis traverser le portage de Methye, et apercevoir la vallée profonde depuis sa crête sud et la rivière Clearwater qui coule vers l’ouest. Cette rivière allait les transporter à l’extérieur du territoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson et vers de vastes et lointaines contrées. Compte tenu de ses valeurs historiques, naturelles et récréatives, la rivière Clearwater était certainement une candidate digne d’être désignée comme rivière du patrimoine canadien.
Avant la désignation, un certain nombre de réunions ont eu lieu avec la population locale dans le but de lui expliquer le concept de ce nouveau programme et de solliciter son soutien. Une activité plus importante, à laquelle étaient invités les membres des communautés situées entre Meadow Lake et La Loche, a aussi été organisée dans le gymnase de l’école de La Loche. Pendant le dîner, Colin Maxwell, le ministre responsable des parcs de l’époque, a parlé du souhait de voir la rivière Clearwater désignée comme rivière du patrimoine.
Le vent en poupe
Au fil des ans, le programme a connu d’innombrables réussites dignes de mention. Barbara Veale, ancienne membre du Comité de planification technique et ancienne coprésidente du Comité de coordination pour la désignation de la rivière Grand, repense à l’une de ces réalisations. « Share the Resources – Share the Responsibility (ressources partagées, responsabilité partagée). Il s’agissait de notre slogan lorsque la rivière Grand a été désignée rivière du patrimoine canadien en 1994 en raison de ses caractéristiques culturelles et de ses possibilités récréatives extérieures exceptionnelles. Quelle fierté! »
En 1994, des centaines de personnes se sont rassemblées pour célébrer la désignation de la rivière Grand et de ses principaux affluents comme rivière du patrimoine canadien. En plus des personnalités politiques, le regretté Peter Gzowski, animateur, auteur et journaliste canadien originaire de Cambridge, était présent et a participé au dévoilement de la plaque trilingue du RRPC, dont le texte est en anglais, en français et en mohawk.
Légende: Dévoilement de la plaque de la rivière Grand en 1994 – Une célébration mémorable.
Certaines de ces réalisations ont été immortalisées en photo, alors que d’autres l’ont plutôt été au moyen des arts visuels et de la littérature. Le livre illustré Voyages a été créé pour célébrer le 10e anniversaire du Réseau des rivières du patrimoine canadien (photo 1). Selon Don Gibson, un ancien gestionnaire du secrétariat du RRPC, l’ouvrage était un recueil impressionnant de récits empreints d’un esprit d’aventure et de découverte et remplis de beautés et de joies. Une autre œuvre offre une représentation artistique du riche patrimoine fluvial du Canada et présente certains éléments culturels et du milieu naturel associés au RRPC. Une courtepointe très élaborée intitulée Ribbons of Life (rubans de vie) a été créée par l’artiste Judy Gascho-Jutzi pour souligner le 20e anniversaire du RRPC (photo 2).
Légende: La première de couverture de Voyages, un livre publié pour souligner le 10e anniversaire du Réseau des rivières du patrimoine canadien. Le titre Voyages: Canada’s Heritage Rivers (voyages : les rivières du patrimoine canadien) est inscrit au-dessus d’une image montrant un canot de voyageurs occupé par un groupe de personnes qui pagaient dans des eaux turbulentes. Sous l’image, il est indiqué que Lynn E. Noel a assuré l’édition du livre et que Hap Wilson a créé les cartes et les illustrations.
Légende: La courtepointe Ribbons of Life par l’artiste Judy Gascho-Jutzi montre une rivière qui traverse divers paysages et qui aboutit près de la tour de la Paix du parlement à Ottawa. La courtepointe a été confectionnée pour souligner le 20e anniversaire du Réseau des rivières du patrimoine canadien et est actuellement suspendue au bureau national de Parcs Canada, situé au 30, rue Victoria à Gatineau, au Québec.
Traverser les tempêtes
La conservation des rivières n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Colette Schmalz, membre du Comité de planification technique et conseillère principale des parcs du ministère des Parcs, de la Culture et du Sport de la Saskatchewan, se remémore certaines des tempêtes qu’elle et son équipe ont traversées au fil des ans :
Au cours des 40 dernières années, la rivière Clearwater a été continuellement touchée par des changements. La circulation sur la rivière a augmenté en raison de l’engouement pour les sports de pagaie récréatifs. Les feux de forêt continuent de menacer la vallée et, certaines années, ceux-ci détruisent les forêts environnantes. Après toutes ces années, la rivière Clearwater demeure un spectaculaire trésor sauvage et intact.
Légende: Vue aérienne de la vallée de la Clearwater après que des parties de celles-ci furent détruites par des feux de forêt en 2015.
Avancer à deux rames
Comme une embarcation que l’on fait avancer à deux rames, le Réseau des rivières du patrimoine canadien fait progressivement son chemin en terrain inconnu. Le RRPC compte aujourd’hui 42 rivières du patrimoine désignées et une rivière mise en candidature, lesquelles ont ensemble une longueur de près de 11 000 km! Qu’il s’agisse du majestueux fleuve Yukon, qui a une histoire et une culture autochtones riches, ou de l’historique canal Rideau, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, chaque rivière raconte un récit unique.
En soulignant ce 40e anniversaire, nous célébrons le parcours du RRPC et les personnes qui ont rendu le tout possible. Andrea McNeil, ancienne conseillère de programme au sein du secrétariat du RRPC (de 2008 à 2018), repense aux travaux ambitieux de ses collaborateurs enthousiastes :
Je suis extrêmement reconnaissante d’avoir eu l’occasion, au cours des dix années où j’ai occupé, pour Parcs Canada, le poste de gestionnaire de programme au sein du secrétariat du Réseau des rivières du patrimoine canadien, de collaborer avec un groupe de professionnels des parcs passionnés provenant des gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi qu’avec des responsables de rivières de partout au pays.
Le RRPC est plus qu’un simple programme d’intendance. Il s’agit d’une célébration de la diversité du patrimoine fluvial et d’un engagement à l’égard de la préservation des rivières d’un océan à l’autre. Le programme témoigne du pouvoir de la collaboration et de la mobilisation communautaire dans l’atteinte de nos objectifs de conservation. Plus important encore, il s’agit d’un legs constitué de rivières vierges, d’un patrimoine riche et d’expériences récréatives inoubliables qui est laissé aux générations à venir.
Le vent dans les voiles
Nous sommes impatients de découvrir ce que l’avenir réserve au RRPC. Comme en témoignent nos efforts constants pour désigner de nouvelles rivières et nos initiatives visant à sensibiliser davantage de Canadiens à la conservation des rivières, nous sommes déterminés à faire en sorte que le RRPC reste un programme dynamique et efficace dans les années à venir.
Joignez-vous à nous pour souligner cette étape importante et rendre hommage à la beauté et au patrimoine de nos rivières canadiennes. Souhaitons 40 autres belles années au RRPC!