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RRPC Bulletin - L'hiver 2021

Date

Le Prix d'intendance des rivières canadiennes 2017 à 2020

Le Prix d’intendance des rivières canadiennes est décerné tous les trois ans à jusqu’à trois personnes ou à des organisations passionnées qui ont apporté une contribution importante en tant que gardiens d’une rivière du patrimoine canadien ou au programme du Réseau des rivières du patrimoine canadien dans son ensemble. 
 
Trois personnes exceptionnelles ont reçu le prix de l'intendance des rivières canadiennes pour 2017-2020 :

  • Clarence Ryan pour son travail en tant que président du projet de mise en valeur de la rivière Pisquid (PEI) ;
  • Geoff Bowie et ses partenaires pour leur travail sur le film : Nahanni Sud : River of Forgiveness (T.N.-O.) ; et
  • Tracy Bond, pour son travail avec la Baker Creek Enhancement Society (BC). 

 
Dans ce numéro et les suivants du bulletin d'information du RRPC, nous présenterons les contributions inestimables que ces gardiens ont apportées à ces rivières et nous célébrerons leur rôle dans notre passé, notre présent et notre avenir.

Le film «Nahanni: River of Forgiveness»

En 2018, après deux ans de planification, une équipe de production qui comprenait des participants et des constructeurs de bateaux des Premières Nations du Dehcho et du Sahtu a entrepris un projet de film unique. Sous la direction du cinéaste Geoff Bowie, le projet visait à décrire et à filmer un voyage réalisé selon une tradition ancestrale transmise par le peuple déné et le peuple du Sahtu depuis des temps immémoriaux : la construction et le voyage d’embarcations fabriquées en cuir d’orignal. La production montre le processus complet de construction du traditionnel bateau et de son itinéraire ancien. Le film a suivi non seulement le parcours physique de l’embarcation le long de la rivière Nahʔą Dehé, mais également le cheminement émotionnel et spirituel des participants.

La rivière Nahanni Sud et ses paysages environnants ont toujours revêtu un caractère sacré pour les peuples autochtones locaux, bien avant qu’ils ne soient protégés en tant que partie intégrante de la Réserve nationale de parc national Nahanni originale en 1976 et qu’ils figurent parmi les premiers sites à être inscrits au Patrimoine mondial en 1978. La rivière a également été désignée comme rivière du Patrimoine canadien en 1987. En 2009, la réserve du parc a été agrandie avec la collaboration des Premières Nations du Dehcho pour inclure la majeure partie du bassin versant de la rivière Nahanni Sud. Le projet de film a réussi à capter un voyage culturel en action à bord d’une embarcation en cuir d’orignal bâtie de toutes pièces par les Dénés sur les berges de la rivière. Ce fut là le retour d’une vieille tradition longtemps absente sur la rivière Nahanni, et le film a aidé le peuple déné à entreprendre ce périple afin de transmettre son histoire au monde.

Nahanni: River of Forgiveness a été produit en partenariat avec le peuple autochtone des régions du Dehcho et du Sahtu dans les Territoires du Nord-Ouest. Geoff Bowie a souvent consulté les communautés pour s’assurer que la production exprime bien la culture et le mode de vie du peuple déné. L’équipe a travaillé de concert avec ces communautés pour donner vie, tout au long du film, à la dimension humaine du processus de construction du bateau et à son voyage. Elle a également contribué à susciter une prise de conscience à l’égard d’importants lieux connus pour leurs pouvoirs curatifs et spirituels tels que Gahnįhthah Mie (amoncellements de tuf calcaire de Rabbitkettle), Náįlįcho (chute Virginia) et les sources thermales Kraus.

Nahanni: River of Forgiveness est disponible en diffusion continue sur le Web. Il a été présenté dans le cadre de plusieurs festivals partout en Amérique du Nord, en mode virtuel en raison de la COVID-19, et s’est vu décerner de nombreux prix (dont la liste continue de s’allonger au moment d’écrire ces lignes). Jusqu’en novembre 2020, le film a fait partie de la programmation des festivals suivants :

  • Yellowknife International Film Festival (à guichet fermé); 
  • Garifuna International Indigenous Film Festival (Los Angeles);
  • Celebes International Film Festival (Jakarta);
  • Available Light International Film Festival (Whitehorse, Yukon) (où le film figure parmi les 10 préférés du public);
  • Big Sky Documentary Film Festival (Montana);
  • U.S. International Film and Video Festival (Redondo Beach);
  • American Indian Film Festival (San Francisco) – novembre 2020;
  • Banff Centre Mountain Film Festival – novembre 2020;
  • Red Nation International Film Festival (Los Angeles) – novembre 2020.

 Dans le cadre de ces festivals, le film a remporté :

  • Le premier prix (Platinum Star) au Celebes International Film Festival (axé sur la culture);
  • Un Gold Camera Award à l’U.S. International Film & Video Festival, en plus de figurer parmi les finalistes pour le meilleur documentaire.  

Geoff Bowie et l’équipe de tournage ont agi à titre d’observateurs impartiaux, laissant les passagers du bateau en cuir d’orignal raconter leur histoire dans leurs propres mots. Le voyage s’est achevé au lieu historique national d'Ehdaa, dans le village de Fort Simpson (T.N.-O.), où le peuple déné s’est rassemblé pendant des milliers d’années. Pour en apprendre davantage sur le film ou pour le regarder en ligne, visitez le site riverofforgiveness.com; surveillez également sa sortie prochaine sur Documentary Channel et CBC Gem.

Geoff Bowie et ses partenaires ont été l'un des trois lauréats du Prix de l'intendance des rivières du patrimoine canadien 2016-2019. Les prix sont remis tous les trois ans aux personnes et aux organisations qui ont apporté une contribution significative à la gestion d'une rivière du patrimoine canadien ou au programme du Réseau des rivières du patrimoine canadien dans son ensemble. Comme indiqué sur le prix : 

« Geoff a travaillé sans relâche avec les partenaires du peuple déné et du peuple du Sahtu au projet Nahanni: River of Forgiveness pour faire connaître leurs traditions et l’expérience de construction d’un bateau en cuir d’orignal. Il a exprimé son appréciation du travail accompli par son équipe, des personnes ayant participé au projet et de leur parcours. Il a fait preuve de compassion à l’égard du peuple déné et a incité tout un chacun à atteindre ses objectifs en faisant découvrir au monde entier ses incroyables connaissances et son formidable savoir-faire. »

Activités hivernales sur les rivières du patrimoine canadien

La rivière Rouge, l’une des quatre rivières du Manitoba classées au patrimoine canadien, est bien connue pour être un haut lieu des loisirs d’hiver. En particulier, le sentier riverain centenaire de Forks, qui commence au confluent des rivières Rouge et Assiniboine à Winnipeg, est visité par des milliers de personnes chaque hiver et est utilisé pour le patinage, la marche et la course. Ce sentier détient le record mondial Guinness de la plus longue patinoire naturellement gelée au monde (10 km) et reçoit chaque année une attention internationale pour son concours unique d’art et d’architecture Warming Huts. La piste de Forks a officiellement commencé à être dégagée pour le patinage en 1990, mais les gens patinent sur les rivières Rouge et Assiniboine depuis au moins 1872. Les dates d’ouverture et de fermeture du sentier riverain, ainsi que sa longueur, dépendent des conditions météorologiques et de la glace, mais le sentier est généralement ouvert pendant au moins huit semaines. Cette année, la première section du sentier a été ouverte à la fin du mois de décembre, d’autres sections devant être ajoutées en janvier. L’accès au sentier riverain est plus important que jamais en 2021 en raison de la pandémie de COVID-19, car il offre un moyen sûr pour les gens de se divertir et de faire de l’exercice en plein air pendant cette période difficile.

La rivière Rouge n’est pas la seule rivière du patrimoine canadien qui offre des possibilités de loisirs d’hiver. Le canal Rideau à Ottawa offre également une patinoire de renommée internationale. Walk to Tuk, un défi annuel de marche communautaire dans les Territoires du Nord-Ouest, est un autre d’utilisation hivernale des rivières pour encourager les gens à être actifs en hiver. Dans ce défi, les gens forment des équipes et combinent leurs marches pour parcourir conceptuellement la distance du fleuve Mackenzie de Fort Providence à Tuktoyaktuk (1 658 km).

Fin 2019, une étude a été publiée dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health sur l’incidence d’un sentier urbain sur une voie d’eau gelée sur le nombre de visiteurs et le niveau d’activité physique. Le sentier urbain utilisé pour mener cette « expérience naturelle » était la piste de patinage sur les rivières Rouge et Assiniboine en 2017-2018 et 2018-2019. Les résultats de l’étude ont montré que cette voie d’eau gelée attire environ 200 000 à 250 000 visiteurs chaque année, soit 2 000 à 4 500 par jour. Les conclusions de l’étude indiquaient que le sentier riverain a considérablement augmenté les visites du réseau de sentiers urbains existant et a été associé à une quantité significative d’activité physique modérée à vigoureuse. Cela suggère que le fait d’offrir des possibilités de se déplacer et de se divertir sur les rivières urbaines en hiver pourrait encourager les populations vivant dans des climats froids à être plus actives pendant les mois de gel. Cependant, il faudrait souligner que les auteurs de l’étude ont constaté que très peu d’utilisateurs du sentier riverain provenaient de foyers à faibles revenus ou étaient des minorités visibles, les raisons de cette situation étant inconnues, mais potentiellement liées aux options de transport, au manque de vêtements ou d’équipements adéquats, ou à d’autres facteurs. Il est donc nécessaire d’améliorer l’accès au sentier riverain et, éventuellement, de le faire connaître.

Le succès du sentier riverain de Winnipeg en ce qui a trait à l’attraction des visiteurs et l’offre d’une variété de possibilités de loisirs hivernaux devrait servir de modèle à d’autres administrations qui cherchent à étendre l’utilisation de leurs rivières pendant les mois d’hiver. Les résultats de l’étude décrite ci-dessus incitent encore plus les collectivités du Canada à essayer de suivre cet exemple et à encourager leurs citoyens à être plus actifs physiquement même lorsque les températures baissent.