Les espèces aquatiques envahissantes (EAE) constituent une menace importante pour la santé et la biodiversité de toutes les rivières du Canada, y compris les rivières désignées comme faisant partie du patrimoine canadien. Ces espèces non indigènes peuvent perturber les écosystèmes, supplanter les espèces indigènes et causer d'importants dommages économiques et environnementaux.
Comprendre la menace
Les espèces aquatiques envahissantes telles que la moule zébrée, la carpe asiatique et la châtaigne d'eau européenne ont été introduites dans les eaux canadiennes par divers moyens, notamment par le rejet des eaux de ballast des navires, la navigation de plaisance et l'aquariophilie. Ces nouvelles espèces sont souvent des généralistes qui remplissent une niche écologique laissée vide par des espèces établies depuis plus longtemps en raison de perturbations humaines. Une fois établies, les espèces envahissantes peuvent se propager rapidement, modifiant les habitats et les réseaux alimentaires et rendant difficile la survie des espèces indigènes.
Préoccupations liées aux EAE dans les rivières du patrimoine
Image: Deux employés participent à des projets de surveillance sur la rivière Athabasca.
Photo: Parcs Canada
Les espèces envahissantes menacent les rivières du patrimoine partout au Canada. Par exemple, la renouée envahissante érode les berges, endommage les habitats du saumon et rend les écosystèmes riverains inhabitables pour les espèces indigènes. Des rapports non confirmés indiquent que la rivière Cowichan compte plus de 100 infestations de renouées. De même, la rivière des Français est menacée par l'expansion des espèces envahissantes, en particulier les phragmites, en raison de sa proximité avec les grands axes routiers comme l'autoroute 400 et de son utilisation intensive par les résidents et les propriétaires de chalets.
Dans le bassin versant de la rivière Hayes, les moules zébrées et potentiellement les phlébotomes épineux sont une préoccupation. Des moules zébrées ont été détectées sur deux sites de la rivière Echimamish, qui fait partie de la zone de contrôle des espèces aquatiques envahissantes du fleuve Nelson. Dans le même temps, le bassin versant de la Thames est menacé par des espèces aquatiques, comme le gobie arrondi, qui s'approche de l'habitat du fouille-roche de l'Est, une espèce menacée, et par de nouvelles maladies comme la maladie de l'écorce du hêtre et le flétrissement du chêne le long de ses rives.
De même, la région de la Haute-Ristigouche est en état d'alerte après que de l'ADN de moule zébrée a été trouvé dans le lac Matapédia, ce qui indique que l'espèce a peut-être déjà pénétré dans le système, ce qui aurait de graves conséquences pour la biodiversité de la rivière.
Efforts de contrôle et d'éradication
Image: Gros plan de l'équipement de surveillance de l'eau.
Photo: Parcs Canada / Chris Reardon
Pour gérer et atténuer l'impact des EAE, il est préférable d'adopter une approche à multiples facettes. Cette approche comprend les éléments suivants:
- Détection précoce et surveillance: La surveillance régulière des masses d'eau contribue à la détection précoce des espèces envahissantes. Cela permet d'agir rapidement pour empêcher leur propagation.
- Sensibilisation et éducation du public: Il est essentiel d'informer le public sur les risques liés aux EAE et sur la manière dont il peut contribuer à empêcher leur propagation. Il s'agit notamment de promouvoir des pratiques telles que "nettoyer, vidanger, sécher », qui consiste à nettoyer les bateaux et l'équipement avant de les déplacer d'un plan d'eau à l'autre.
- Lutte biologique: L'introduction de prédateurs ou de concurrents naturels peut aider à contrôler les populations envahissantes. Par exemple, certaines espèces de poissons peuvent être utilisées pour contrôler la croissance des plantes envahissantes.
- Traitements chimiques: Dans certains cas, des traitements chimiques soigneusement contrôlés sont utilisés pour éradiquer les espèces envahissantes. Ces traitements sont appliqués de manière à minimiser les dommages causés aux espèces indigènes et à l'environnement.
- Enlèvement physique: L'élimination manuelle ou mécanique des espèces envahissantes, comme l'arrachage manuel des plantes envahissantes ou l'utilisation de barrières pour empêcher la propagation des poissons envahissants, est une autre méthode efficace.
Exemples de réussite
Plusieurs exemples de réussite mettent en évidence l'efficacité de ces stratégies.
En 2014 et 2015, une plante aquatique envahissante appelée châtaigne d'eau européenne a été découverte dans le canal Rideau. Canards Illimités a mené un programme de contrôle jusqu'en 2020, après quoi Parcs Canada a pris le relais et a poursuivi les activités de surveillance et de contrôle en 2021 et 2022. Depuis, des diminutions importantes de la population ont été observées dans le réseau.
Sur la rivière Koksilah, une équipe de biologistes bénévoles lutte avec succès contre la renouée depuis huit ans et plaide en faveur d'efforts similaires sur la rivière Cowichan par l'intermédiaire de la Cowichan Stewardship Roundtable et du Cowichan Watershed Board.
En mai dernier, l'Office de protection de la nature de la région d'Essex a libéré des agents de biocontrôle pour supprimer les phragmites envahissants dans la zone humide de Collavino, sur la rivière Détroit. Cette initiative de biocontrôle s'inscrit dans le cadre d'un effort plus large visant à gérer la propagation de cette herbe très envahissante des zones humides, qui a gravement dégradé de nombreux écosystèmes en Amérique du Nord.
Cette année, le parc national Jasper a lancé son programme de prévention des espèces aquatiques envahissantes dans le bassin hydrographique de l'Athabasca. Ce programme comprend des stations d'inspection et de décontamination des embarcations, un système de délivrance de permis et un programme itinérant d'éducation par le personnel de Parcs Canada, qui a sensibilisé plus de 3 000 visiteurs aux mesures de prévention des espèces aquatiques envahissantes. La surveillance des espèces aquatiques envahissantes a également été effectuée dans les parcs nationaux de Banff, Yoho et Kootenay.
Image: Image sous-marine d'un filet, alors que les scientifiques surveillent les espèces aquatiques envahissantes dans le parc national Banff.
Crédit photo: Parcs Canada/ Sophie Deschamps
L'office de protection de la nature de la rivière Grand a traité environ 20 hectares de terres sur quatre propriétés pour lutter contre les phragmites envahissants, en se concentrant sur la protection des zones naturelles clés. Dans la région de la rivière Humber, des activités d'engagement communautaire ont été organisées pour éliminer les espèces envahissantes.
Enfin, à la fin du mois d'octobre de cette année, l'Université d'Algoma a achevé le projet d'amélioration de l'affluent de la rivière St. Mary's. Financé par le Fonds pour l'environnement communautaire de l'Ontario, ce projet visait à améliorer la qualité de l'eau, à éliminer les espèces envahissantes et à restaurer l'habitat de la faune et de la flore le long des canaux de contrôle des inondations à Sault-Sainte-Marie, en Ontario. Ces initiatives soulignent l'engagement continu à protéger les rivières du patrimoine contre les espèces aquatiques envahissantes.