À titre d’agente de programme au sein du Secrétariat du Réseau des rivières du patrimoine canadien (RRPC), je reçois les rapports annuels de chaque rivière du patrimoine. À la lecture des rapports annuels de 2022, une tendance s’est dégagée. Inondations, sécheresses, incendies… De nombreux gestionnaires de rivière ont sonné l’alarme, prévenant le Secrétariat des répercussions profondes engendrées par les changements climatiques sur les lieux que nous aimons et dont nous prenons soin.
Les répercussions des sécheresses, des inondations ou des incendies sur une rivière dont nous assurons la préservation peuvent nous faire ressentir du désespoir, de la tristesse ou de l’anxiété. Il peut être difficile de travailler chaque jour pour protéger une rivière, et de la voir se dégrader sous l’influence des changements climatiques. On peut se sentir découragés ou impuissants, entre autres sentiments. Ces sentiments sont normaux. C’est ce qu’on appelle le deuil écologique.
En 2018, Cunsolo et Ellis ont défini le deuil écologique comme les émotions que nous ressentons en réaction à la perte de paysages, d’écosystèmes et d’espèces en raison des changements climatiques. Il est important de noter que, bien qu’il s’agisse d’un nouveau concept dans le milieu académique, de nombreux peuples autochtones ressentent le poids du deuil écologique depuis des générations, car la destruction écologique affecte leurs moyens de subsistance et leurs pratiques culturelles de diverses façons à travers les territoires et les communautés.
Le deuil écologique peut être accablant. Il est facile de tomber dans le désespoir (Ça ne vaut pas la peine d’agir, nous sommes condamnés) ou dans la surperformance (Je dois tout faire pour sauver la planète, même si ça m’épuise). Aux deux extrémités du spectre, notre santé mentale est à risque et notre capacité d’agir est grandement réduite. Alors, que pouvons-nous faire pour mieux gérer ces émotions écologiques difficiles ?
Nous pouvons nous rapprocher de la nature :
- Il a été démontré que le fait de passer du temps à l’extérieur améliore la santé physique et mentale. Faites une marche, trouvez la nature en ville ou passez du temps à prendre soin d’une plante.
- Saviez-vous que votre médecin pourrait être en mesure de prescrire du temps dans la nature ? Consultez le site Prescri-nature pour en savoir plus.
Nous pouvons tisser des liens avec nos pairs :
- Créez-vous un réseau de soutien. Il peut s’agir d’amis et de membres de la famille, de membres de votre organisation ou de votre communauté ou d’autres gestionnaires de rivières du patrimoine.
- Trouvez des personnes avec qui vous pouvez discuter de ces émotions. Peut-être ressentent‑ils la même chose !
- Agissez en groupe ou en communauté. Vous vous sentirez mieux soutenu et votre influence sera plus importante. En tant que gardiens de la rivière, cela peut vouloir dire collaborer avec d’autres organisations de votre région pour atteindre des objectifs communs.
En établissant des relations plus solides avec la nature et notre communauté, nous pouvons renforcer notre résilience. Il devient alors un peu plus facile de traverser les tumultes (normaux et très valides) d’émotions qui accompagnent les catastrophes climatiques. Nous protégeons notre santé ainsi que notre capacité d’agir. Ensemble, nous pouvons avoir une plus grande influence.
Pour en savoir plus :
- Gen Dread, A newsletter about staying sane in the climate crisis. (Bulletin pour rester sain d’esprit face à la crise climatique)
- Boîte à outils pour le deuil écologique : les jeunes professionnels utilisent un changement transformateur pour construire un avenir meilleur