Le ministère de l’Environnement et du Changement climatique (ECC) du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest mène et soutient des initiatives de surveillance de l’eau dans l’ensemble des Territoires du Nord-Ouest. L’une de ces initiatives comprend la surveillance de l’eau de la rivière Tsiigehnjik (rivière Rouge de l’Arctique), désignée comme l’une des rivières du patrimoine du Canada en 1993. Cette désignation met en évidence l’importance de la rivière, particulièrement dans le contexte du plan d’aménagement du territoire des Gwich’in, soulignant sa valeur pour les Gwichya Gwich’in.
Au cours des dernières années, des flocs brun rouille, qui sont des masses de particules faiblement agglomérées, ont été observés dans le Tsiigehnjik, le Teetł’it Gwinjik (rivière Peel) et le Deh Cho (fleuve Mackenzie), un phénomène qui n’avait jamais été observé auparavant. Ces flocs apparaissent généralement le long du rivage de la mi-juillet à la fin août (photo 1). En 2020, les flocs ont également été observés dans le cours principal de la rivière Peel (photo 2). Depuis, les observateurs communautaires de Tsiigehtchic, de Fort McPherson et d’Aklavik sont prêts à prélever des échantillons s’ils se présentent. Dans l’échantillonnage effectué jusqu’à présent, la substance a été identifiée comme étant des bactéries oxydantes du fer (bactéries de fer).
Les bactéries de fer sont de longues bactéries filiformes qui se ‘nourrissent’ de fer. Contrairement à la plupart des bactéries, qui se nourrissent de matière organique, les bactéries de fer se nourrissent en oxydant le fer ferreux en fer ferrique. Ce processus convertit le fer ferreux dissous en fer ferrique insoluble, ce qui donne un éclat brun rouille à la surface de l’eau. Au fur et à mesure que les bactéries de fer meurent et se décomposent, elles libèrent un dépôt brun rouille sur l’eau de surface. Ces flocs sont souvent confondus avec des reflets de pétrole, mais contrairement au pétrole, qui reste intact, les reflets des bactéries de fer se brisent lorsqu’ils sont perturbés, ressemblant à du verre brisé.
Les bactéries ferreuses peuvent généralement prospérer partout où des roches ou des sols riches en oxygène et en fer sont présents près des eaux de surface. Leur croissance varie d’une année à l’autre, en fonction des conditions météorologiques et de la température. La présence accrue de ces flocs au cours des dernières années pourrait être liée à des perturbations régionales du pergélisol (glissements dus au dégel). Ces affaissements, qui ont érodé de grands volumes de sol précédemment gelé, libèrent plus de métaux, y compris du fer, dans le milieu aquatique.
Les bactéries ferreuses ne présentent aucun risque pour la santé humaine, animale ou de l’écosystème. Ils se trouvent naturellement dans les sols et l’eau en petit nombre et prospéreront à mesure que plus de fer sera disponible. Cependant, la bave orange dans l’eau ou le lessivage du rivage est souvent considéré comme un problème esthétique et peut donner un mauvais goût à l’eau. Dans les Territoires du Nord-Ouest, les usines de traitement de l’eau sont capables d’éliminer les bactéries ferreuses avant qu’elles n’atteignent les robinets des résidents.
ECC continuera de travailler avec les surveillants communautaires au cours de l’été 2025 pour confirmer ces constatations. De plus, nous nous associons à des chercheurs de l’Université de l’Alberta pour analyser les conditions météorologiques, les tendances de débit et la qualité de l’eau afin d’aider à comprendre les variations d’une année à l’autre de la présence de flocs.
Photo 1: Chenal Peel à Aklavik (Billie Archie, Aklavik; août 2017)
Photo 2: Rivière Peel à 8 milles (Andrea Czarnecki, GTNO; Juillet 2020)