« La rivière Clearwater coule vers l’ouest à partir de son cours supérieur, dans le lac Broach (aussi connu sous le nom de lac Lloyd), au Nord-Ouest de la Saskatchewan, vers sa confluence avec la rivière Athabasca, près de Fort McMurray, en Alberta. La Clearwater est, comme l’évoque son nom, une rivière aux eaux limpides; elle coule dans un décor demeuré intact, remarquable pour sa beauté sauvage. » Cette description, tirée du site Web des rivières du patrimoine canadien, dépeint fidèlement cette magnifique rivière.
Notre groupe, composé de huit canotières et canotiers de différents niveaux, a entrepris une excursion de sept jours sur la rivière Clearwater, du lac Lloyd au pont Warner Rapids. Nous avons d’abord pénétré les eaux à un endroit éloigné sur la rive ouest du lac Lloyd en fin d’après-midi de notre première journée. Nous avons traversé le lac en pagayant jusqu’à un endroit choisi pour notre première nuit de campement.
Notre guide touristique a commencé très tôt le matin à nous fournir des consignes de sécurité et d’autres instructions pour veiller à ce que nous soyons prêts pour ce qui nous attendait. La traversée du reste du lac Lloyd s’est révélée difficile, car nous avons rencontré un léger vent de face. Peu de temps après être entré dans l’embouchure de la puissante rivière Clearwater, nous avons trouvé un endroit pour dîner sur la rive et nous accorder un repos bien mérité.
Je me suis émerveillée de la beauté immaculée qui m’entourait alors que j’étais assise sur un gros rocher pour manger mon repas. Je me suis aussi demandé comment mon corps de petite stature allait supporter les jours à venir, mais il n’était plus possible de faire demi-tour.
Après avoir pris une courte pause et nous être désaltérés, nous sommes retournés sur l’eau. Au fil de la semaine, je crois que ma détermination et mon endurance ont permis à mon corps de s’habituer à la routine du canotage et j’ai beaucoup aimé chaque étape de notre voyage.
En pagayant, j’ai eu tout le loisir de réfléchir. Mes pensées ont vagabondé jusqu’à l’époque des commerçants de fourrure qui parcouraient cette même route. La rivière qui coule vers l’ouest et qui traverse les forêts boréales et le bouclier précambrien leur a permis de rejoindre la rivière Athabasca à Fort McMurray, en Alberta, et d’aller vers l’ouest. Je pouvais voir pourquoi les Premières Nations apprécient cette vaste nature sauvage riche en ressources naturelles. Je cite encore une fois le site Web du réseau rivières du patrimoine canadien :
« La Clearwater a servi les communautés humaines bien avant l’arrivée des Européens, pendant près de 6 000 ans. Les premiers contacts entre les Premières Nations et les Européens se sont produits au 18e siècle, après que Peter Pond ait utilisé le portage de Methye de 19 km en 1778. Une plaque de commémoration historique rappelle l’importance du portage qui a été un maillon terrestre de la route Churchill-Clearwater-Athabasca, entre le lac La Loche et la rivière Clearwater, utilisé pour éviter la portion supérieure précambrienne de la Clearwater qui pose maints défis.
Pendant l’exploration européenne et la traite de fourrures du 18e siècle, des personnalités telles que David Thompson, sir Alexander Mackenzie, Peter Pond, sir John Franklin et sir George Simpson ont tiré profit de cette route relativement rapide d’exploration et de commerce vers l’Ouest. La compétition au sein des Premières Nations, qui agissaient à titre de guides et de fournisseurs dans la traite des fourrures, a causé d’importants changements dans les territoires autochtones à cette époque Les Dénés (Chipewyan) ont d’abord déplacé le peuple Dané-zaa (Indiens Castors) qui ont à leur tour été déplacés par les Cris. Les Métis ont aussi joué un rôle important le long de la rivière pendant la traite des fourrures. La communauté de Fort McMurray a été construite en 1870 pour faciliter le transport sur le portage Methye. » J’ai vu le monument et le sentier du portage Methye, mais un jour, j’espérais pouvoir marcher sur ce sentier, suivre les traces de nos prédécesseurs.
C’est en raison de l’histoire et de la culture mentionnées ci-dessus que la rivière Clearwater a été désignée rivière du patrimoine canadien. Tel qu’il est décrit sur le site Web du Réseau des rivières du patrimoine canadien : « La rivière Clearwater a été désignée en raison de ses valeurs naturelles et culturelles exceptionnelles, ainsi que de multiples possibilités d’activités récréatives qu’elle offre. La section de la Saskatchewan, qui s’étend sur 187 km de l’exutoire du lac Lloyd à la frontière de l’Alberta, a été désignée en 1987, et celui de l’Alberta, qui comprend le tronçon de 31 km de la rivière Christina, a été désigné en 2003. La désignation s’étend sur 326 km. »
Les journées de canotage ont été très enrichissantes. La rivière Clearwater ne m’a pas déçue. J’y ai vu des paysages variés, allant des marécages aux rivages forestiers boréaux, des grands bancs de sable aux falaises rocheuses et à presque tout ce qui se trouvait entre les deux. Les conditions de la rivière sont passées de larges sections ouvertes d’eau claire et calme à des canaux étroits d’eau qui s’écoule entre des rochers créant des rapides d’eau vive difficiles. Nous avons choisi de descendre certains des rapides, mais nous n’avons eu d’autre choix que de faire du portage pour d’autres. Nous avons connu des journées pluvieuses, mais surtout un beau ciel bleu de juillet plein de soleil. Je n’ai pu m’empêcher de louer le Dieu de l’univers, le créateur de toute cette beauté immaculée.
À quelques endroits le long de notre route, nous nous sommes arrêtés pour étudier l’histoire unique du Nord. Le site Web des rivières du patrimoine canadien décrit ces endroits comme suit : « Trois pictogrammes présentant le plus grand intérêt sont situés dans la partie supérieure de la rivière Clearwater en Saskatchewan, entre les lacs Lloyd et Careen. Ces peintures, des symboles et des formes rougeâtres, sont peintes sur des surfaces rocheuses verticales et sont parmi les manifestations du genre les plus au nord et à l’ouest jamais documentées à ce jour en Saskatchewan. » Il était difficile de réaliser que j’étais témoin de marques laissées là il y a si longtemps. Quel lieu unique, quel privilège!
Le septième jour, lorsque le pont Warner Rapids est apparu, je n’ai pu m’empêcher d’éprouver des sentiments mitigés. J’étais ravie d’avoir enduré et réussi le périple sans incident, mais j’étais un peu triste d’être arrivée au terme d’une merveilleuse excursion en canot sur une rivière si unique. J’étais surtout très reconnaissante d’avoir eu l’occasion de voir la beauté naturelle et intacte de cette magnifique rivière et d’avoir vécu cette expérience dans la zone la plus sauvage du Nord de la Saskatchewan.